Présentation
Qu’entend-on par couple ? Cette question fondamentale est trop souvent oubliée. Le terme couple indique la réunion de deux personnes, mais ni les caractéristiques de ces deux personnes, ni la spécificité de cette réunion ne reposent sur une conception universelle. Un professionnel peut donc oublier qu’il écoute des conjoints selon les critères de ses groupes d’appartenance, selon ses représentations et ses projections au sujet du couple. Pris dans la tourmente des conflits conjugaux, un professionnel est toujours susceptible de développer des pratiques dont il méconnait la nature idéologique, projective, normative. Il peut être tenté, par exemple, de réparer ou dissocier les couples ; de devenir l’allié d’un conjoint contre l’autre ; de négliger la souffrance conjugale au profit de postulats individualistes ou familialistes, ou encore de réduire l’écoute d’un couple à la lecture combinée de deux intrapsychiques. Pour aborder la clinique conjugale, une réflexion sur la notion même de couple s’avère donc indispensable.
L’Ipsyc aborde la notion de couple àl’aide d’une réflexion pluridisciplinaire. Il met en dialogue l’écoute spécifique de psychanalystes de couple avec les travaux des historiens, neuroscientifiques, psychologues, sociologues. Ce choix d’un questionnement pluridisciplinaire limite le risque de dogmatisme qui stérilise la pensée. Il enrichit l’ouverture d’esprit du clinicien et favorise son écoute de la complexité des phénomènes conjugaux. L’Ipsyc est attentif à la compatibilité des données entre disciplines différentes. Cette compatibilité pluri-référentielle devient l’un des critères d’évaluation des constructions à propos du couple et de sa clinique.
L’IPSYC inscrit la clinique conjugale dans un vaste courant de recherches contemporaines qui invite les psychanalystes à l’écoute d’un champ pluri-individuel et engage la psychanalyse vers la compréhension des phénomènes psychiques groupaux.
Alors que les théories de la psychanalyse sont régulièrement contestées, l’Ipsyc choisit de soutenir le développement d’une clinique psychanalytique de couple. Ce choix suppose de maintenir le savoir psychanalytique à la place qui lui revient comme le rappellent régulièrement diverses sociétés analytiques. Contrairement à certaines idées répandues, la psychanalyse n’est pas une théorie utilisable par des professionnels pour résorber les troubles de leurs patients. Selon la définition même de Freud[1], la psychanalyse est avant tout un procédé d’investigation de processus psychiques.De cette investigation peut découler ensuite une méthode de traitement. De cette investigation et de cette méthode de traitement sont enfin déduits des conceptions psychologiques, qui, en raison de leur origine même, sont en constante évolution. L’Ipsyc s’inscrit dans cette perspective, sa priorité n’est pas la confirmation de tel ou tel concept, mais l’écoute du champ psychanalytique qui se développe en séance avec des conjoints. C’est par l’analyse des processus et productions psychiques qui s’expriment dans ce champ que la conflictualité conjugale se découvre et que les conjoints peuvent s’extraire du cycle de souffrance qui les anime. Cette clinique s’adresse à tout conjoint et se dégage de toute visée normative du couple.
En raison de son orientation clinique, l’Ipsyc choisit d’adhérer à l’Association Internationale de Psychanalyse de Couple et de Famille (AIPCF) dès la création de cette association. L’Ipsyc participe aux recherches et communications entre praticiens des divers continents, et transmet l’ouverture qu’apportent les différences de culture, d’expérience et de clinique.
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[1]Freud, S. (1923), Encyclopaedia Britannica,